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Que mange-t-on dans l’Espace ?

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La question de l’alimentation est primordiale dans la préparation des vols habités. Elle se pose d’autant plus sérieusement aujourd’hui que la durée des missions spatiales s’allonge.

La nourriture embarquée lors des vols habités dans la Station Spatiale Internationale répond à des critères stricts. La composition des repas obéit d’abord à un impératif d’équilibre des apports nutritifs pour les spationautes. Mais la lassitude qui peut s’installer face à des menus trop répétitifs a poussé les agences spatiales à diversifier les plats et à varier leurs saveurs.

Le rôle premier de la nourriture est de contribuer à l’équilibre physiologique des spationautes. Une mauvaise estimation des besoins nutritifs peut nuire à la santé de l’équipage et par conséquent, au bon déroulement de la mission.
Atrophie musculaire, déficience du système immunitaire, problèmes cardio-vasculaires et décalcification sont les risques encourus par les spationautes si les plats ne sont pas correctement équilibrés.
Si se nourrir est avant tout une nécessité physique, l’alimentation a aussi un véritable rôle psychologique. Une alimentation saine limite le stress et contribue ainsi au maintien de bonnes relations au sein de l’équipage.

Comment se nourrir pendant 6 mois dans l’Espace ? En particulier sur les missions de longue durée, il est impératif de casser la monotonie des repas, souvent identiques et peu originaux. Des plats particulièrement subtils, dits de « gastronomie spatiale », sont introduits pour des occasions exceptionnelles.
Voici quelques années qu’est née la gastronomie spatiale. En 1996, des portions compactées de repas raffinés – cailles au madiran, thon au citron confit – s’envolaient vers la station MIR. Le succès fut immédiat. Ces repas, loin d’être un luxe inutile, constituent un réel soutien psychologique. Ils réunissent l’équipage lors d’évènements à célébrer comme une sortie extravéhiculaire ou l’arrivée d’un nouveau vaisseau.
Depuis 1996, la carte de la gastronomie spatiale s’est élargie. Objectif : approvisionner régulièrement la station afin que la gastronomie spatiale entre dans les habitudes des spationautes !

Si la saveur et la variété des plats sont des paramètres primordiaux, il faut aussi prendre en compte des considérations plus techniques… à savoir le stockage des portions et leur adaptation aux conditions de vie dans l’Espace.
Emporter de quoi nourrir un équipage pendant plusieurs semaines… oui, mais sans excédent de bagages ! Les réserves embarquées doivent représenter un volume minimal car les capacités de stockage des engins spatiaux sont limitées. De même, la masse de ce chargement est réduite au possible. C’est pourquoi la plupart des aliments voyagent sous forme déshydratée.
Et pour simplifier leur consommation, ces repas n’ont à subir qu’une seule opération de préparation par réhydratation et/ou réchauffage. Toutes les portions sont par ailleurs individuelles.

De nombreuses autres contraintes régissent les menus de l’Espace.
Les aliments sont soigneusement conditionnés et ne doivent en aucun cas se répandre dans les véhicules spatiaux. Ici, on ne fait pas de miettes ! Les plats sont étudiés pour ne pas se « fragmenter », ni sous forme liquide, ni sous forme solide. On ne peut prendre le risque qu’une seule miette, aussi infime soit-elle, se coince dans le mécanisme de l’un des instruments de bord.
C’est pourquoi les plats consistent d’une texture semi-solide protégée par des emballages étanches, à l’ouverture facile. Les liquides, eux, sont consommés à la paille depuis des sachets souples. La bulle de whisky du capitaine Haddock n’existe pas dans l'[?ISS] !

Pour arriver intactes jusqu’à l'[?ISS], ces aliments doivent supporter un lancement et un voyage dans l’Espace. Une fois emballés, ils sont donc soumis à des tests destinés à évaluer leur résistance. Les portions subissent de fortes vibrations et des accélérations équivalentes à 6 fois la gravité terrestre, endurent une pression allant jusqu’à 50 fois leur masse et supportent une température qui s’élève à 50°C !
Ces épreuves sont bien nécessaires car la vie dans l’ISS n’est pas simple ! La nourriture des spationautes doit supporter l’état d’impesanteur, une température ambiante variant de 16° à 30°C et un taux d’humidité allant de 20 à 90%.
Enfin, sécurité sanitaire oblige, tout aliment en partance pour l’Espace est soumis à des essais de conservation et aux [?analyses macrobiologiques] qui les accompagnent afin d’emporter le moins de bactéries possible.

Préparer les menus de l’Espace est une vérifiable gageure. Diététique, saveur, présentation, conditionnement et résistance des portions sont autant d’impératifs avec lesquels il faut jongler pour assurer l’alimentation des spationautes. Ces derniers s’accordent d’ailleurs sur les vertus bénéfiques des repas qui rassemblent l’équipage pour un moment de détente. Nombre d’entre eux plébiscitent la gastronomie spatiale, en particulier pour les vols de longue durée. Dans le futur, qu’en sera-t-il des menus pour les missions qui emmèneront des hommes sur Mars ?