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Matthias, grand vainqueur de Secret Story 2

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Les émissions de télé-réalité se suivent et ne se ressemblent pas. Il ne suffit plus de mettre à disposition de tous des personnes dans un bocal, enfermées pour de longues semaines, comme le fit jadis Loft Story. Maintenant il faut aussi savoir leur trouver des choses intéressantes à faire. Enfin, intéressantes… Permettons-nous d’en douter.

Loft Story, dès 2001, avait permis à la télé-réalité de s’ancrer dans notre quotidien. Une poignée de jeunes gens étaient enfermés dans un loft pendant plusieurs semaines, à charge aux téléspectateurs de les regarder évoluer, ou plutôt s’ennuyer.
Contre toutes attentes, le succès fut immédiat, d’autant plus que le sujet était des plus sensibles, certains étant allés jusqu’à atteindre le fameux point Godwin en remarquant que des barbelés empêchaient l’accès au loft.
Malgré tout, il était, de l’avis de toute la presse, ou presque, de se rebeller contre cette émission puissamment voyeuse. Pouvait-on éthiquement laisser des jeunes gens exposer leur vie à la vue de tous ? Les filmer 24h/24, 7j/7 ?

La polémique s’amplifia grandement ; on pouvait faire vendre de grandes quantités de papiers rien qu’en affichant « Lost Story » sur sa Une. Entre contestation éthique et intérêt financier, on pourrait certainement trouver à redire sur les motivations de certains des plus virulents détracteurs.

Puis le soufflet retomba. Plus personne ne se choquait de voir apparaître d’autres émissions de télé-réalité. De la ferme célébrités à Koh-Lanta, en passant par Supernanny, les programmes intégraient de plus en plus de télé-réalité sans que cela n’effraie plus personne.

Évidemment, on ne présentait plus ces émissions comme des expériences, mais plutôt comme des jeux, chose qui est maintenant de plus en plus vraie quand l’on voit à quel point les candidats à ces émissions ont fini par profiter du système mis en place. Ils n’oublient plus qu’ils sont filmés, ils jouent des rôles ; ils mettent en place des stratégies pour survivre aux jeux, ils prennent ce qu’on met à leur disposition et se séparent des morceaux qui leur déplaisent.

Rares sont ceux qui entrent naïvement dans une telle émission sans en concevoir les conséquences. La fraîcheur amatrice est devenue de la conscience professionnelle, ou tend à le devenir de plus en plus.

Ainsi, dans Secret Story 2, une émission dans laquelle une poignée de candidats est enfermée dans un loft avec pour mission de découvrir les secrets des concurrents, on prend peur pour le côté voyeuriste des plaies enfouies qui feront surface, puis on se tranquillise à l’énoncé des secrets soit disant spectaculaires : « je suis lesbienne », « je suis prêtre ». C’est tout juste si l’on ne nous gratine pas d’un incroyable « je sais faire de la musique en tapant dans les mains ».

Le côté réalité de la télé-réalité s’échappe peu à peu pour retourner vers les canons bien établis du jeu TV. On peut, et on doit encore s’offusquer des conditions de tournages, laissant peu de place à la vie privée, mais on ne peut plus crier au loup et à l’éthique bafouée. On est plus proche des problématiques du monde du travail que de celles de la sphère privée.

Ainsi, quand Matthias remporte Secret Story 2 et empoche 150 000 euros, on sait que ce n’est pas totalement le fruit du hasard : il a joué de tactiques et de stratégie pour atteindre son objectif.
Et quand il laisse échapper qu’avec cet argent il va pouvoir acheter un appartement à sa mère, on se contente d’être heureux pour lui et pour ses rêves.