Sylvain Peyronnet est enseignant-chercheur au Laboratoire de Recherche et Développement de l’EPITA (LRDE). Il a accepté de répondre à nos questions sur son métier.
Pouvez-vous nous présenter votre métier et votre domaine de recherche ?
Je suis enseignant-chercheur en informatique. En recherche, je travaille sur la vérification automatique de logiciels. C’est à dire à l’étude et à la mise au point de méthodes qui permettent de vérifier le bon fonctionnement de logiciels et protocoles sans intervention humaine, ce qui est crucial désormais étant donné la taille des applications courantes. Mes travaux sont avant tout théoriques et contenant une base mathématique rigoureuse, mais sont malgré tout en lien avec la pratique, puisqu’ils ont donné lieu à l’écriture d’un logiciel de vérification automatique (APMC). Par ailleurs, j’enseigne l’informatique théorique à divers stades de la formation de l’EPITA (école d’ingénierie informatique), faisant ainsi profiter les étudiants de mes connaissances les plus pointues.
Pourriez-vous également nous parler de votre parcours pour devenir chercheur ?
J’ai suivi un parcours universitaire classique en mathématiques jusqu’au DEA, puis j’ai fait une thèse en informatique. Je n’ai pas fait de prépa ni d’école, et j’ai particulièrement apprécié la liberté qu’offre l’université. J’ai d’ailleurs pu suivre pendant mes études des cours d’autres cursus (en économie et informatique par exemple), ce qui est difficilement réalisable dans un contexte plus strict. Après ma Thèse, j’ai fait un an en tant qu’ATER, puis j’ai été embauché par l’EPITA qui cherchait un enseignant-chercheur.
Pouvez-vous nous décrire la journée type d’un enseignant-chercheur ?
Tout à fait. Une de mes journées type commence en début de matinée par un cours, généralement en amphithéatre (devant une centaine de personnes). Après le cours, je fais une courte pause et enchaine typiquement sur une réunion. Ce peut être une réunion administrative (pour régler les petits problèmes courants du labo, nous faisons des réunions régulières) ou une réunion d’encadrement (au laboratoire se trouvent une vingtaine d’étudiants-chercheurs). Après le repas commence une après midi consacrée le plus souvent à la Recherche et/ou à l’écriture d’articles et à la programmation. La recherche menée pouvant être de la recherche appliquée (en collaboration avec des industriels) ou plus théorique (seul ou en collaboration avec d’autres chercheurs). Bien sur, d’autres activités sont également existantes : déplacement à l’étranger pour présenter ses travaux, participation à la vie de l’école et bien d’autres encore.
On dit que les chercheurs ne sont pas en phase avec la réalité…
C’est faux ! Tout d’abord les chercheurs ne travaillent pas dans un cocon séparé de la vie réelle : ils doivent trouver des financements de recherche, dialoguer avec les industriels et les administrations… Ces tâches sont particulièrement pragmatiques et montrent bien que les chercheurs se doivent de connaitre les arcanes des « circuits » économiques réels. D’autre part, la plupart des chercheurs travaillent sur des domaines ooù la pratique et la théorie sont très entrelacés et sont donc ancrés encore une fois dans la réalité.
On dit aussi qu’être chercheur « c’est une bonne place »…
Je pourrais faire semblant de ne pas comprendre la question [rires]. Mais si ce dont vous parlez est l’horaire qui serait « tranquille », c’est la encore un poncif bien faux. Les chercheurs ne comptent pas leurs heures et travaillent même pendant leurs vacances ! par contre ils ont la chance de faire le travail dont ils ont toujours rêvé, et en cela ils ont effectivement une bonne place.
Un dernier mot ?
Oui, à propos de votre initiative de médiation, que je trouve être une idée excellente et qui répond à un réel besoin à mon avis. Surtout à une période ooù les jeunes s’éloignent de la science. Bravo !